La seconde vie du pont du pertuis
Dans le journal Sud Ouest d'aujourd'hui, un article édifiant sur la gravité de la casse du pont du pertuis :
BACALAN. --Au
ministère de la Culture, on se dit surpris par les vagues provoquées
par le dossier du pont levant alors que celui du pont Pertuis a tout
juste fait réagir
Un pont plus loin
:Jean-Paul Vigneaud |
À
trop secouer la sauce on finit par faire déborder la casserole ! Après
l'histoire du pont Bacalan-Bastide, (re) voilà celle du pont Pertuis !
Et ce n'est pas à Bordeaux que l'affaire prend naissance, c'est dans
les bureaux du ministère de la Culture.
«
Vous vous trompez de pont ! » ironise ce fonctionnaire qui, devoir de
réserve oblige en cette période électorale, nous fait jurer de ne pas
donner son nom et surtout dire à quel service il appartient. Tout juste
peut-on préciser qu'il s'intéresse de près au patrimoine et qu'il
connaît parfaitement Bordeaux.
Un coup de canif dans le contrat.
« Le pont levant est un faux problème » dit-il « Ce projet n'a jamais
été caché. Ni par Alain Juppé, ni par les services officiels. Il a
toujours figuré dans les dossiers et n'importe qui peut en avoir la
preuve. Il suffit de prendre un peu de temps et consulter les
documents. » (Voir ci dessous)
Ce
que confirmait d'ailleurs Alain Rousset hier matin. Questionné sur le
sujet, il indiquait avoir bien reçu le 3 décembre 2006, en tant que
président de la CUB, Alvaro Gomez-Ferrer, l'expert de l'ICOMOS (mandaté
par le centre du patrimoine mondial) et lui avoir montré la maquette et
tous les documents liés au projet.
«
Vous vous trompez de pont » répète le représentant du ministère de la
Culture. Que veut-il dire par là ? « En ce qui concerne la protection
du patrimoine, il y a bien plus grave à ce jour que le pont levant car
lui n'est pas encore fait, on peut encore intervenir si nécessaire. Le
plus grave c'est d'avoir supprimé le pont du Pertuis. Là, c'est un vrai
coup de canif dans le contrat Unesco. C'était le plus ancien et dernier
pont à culasse de France, un élément majeur de l'entrée des bassins à
flots et à partir de là du port de la Lune. Il appartenait au
patrimoine. Il n'aurait pas dû être détruit. »
Pas assez d'argent.
Propriété du port autonome (donc de l'État), le pont était fermé depuis
2000. Deux solutions : une réhabilitation pour 2,2 millions d'euros ou
une démolition-reconstruction pour 1,7 million d'euros.
Le
Port, l'État et le Conseil Général étant seuls à financer, la
démolition a été décidée par le préfet et concrétisée. Et ce, malgré la
protestation de plusieurs élus (Philippe Dorthe en tête), de nombreux
protecteurs de l'environnement, des Balcanais et de plusieurs
associations de défense.
Depuis,
la Ville de Bordeaux et la CUB sont accusées d'avoir cautionné le
naufrage, en ne réagissant pas assez tôt et n'apportant pas les 500 000
euros manquants pour la réhabilitation.
Avec
cette nouvelle accusation venue de Paris, le sujet ressurgit à la une
de la campagne électorale. Des débats pour rien, hélas, car il n'est
plus possible d'intervenir pour sauver le dernier pont à culasse de
France. Il est en morceaux et irrécupérable.
À moins qu'un mécène? mais là ce n'est plus une histoire de pont, c'est du rêve !?