Sud-Ouest du 27 février 2007
BACALAN. -- Préservation du patrimoine industriel ou fluidité de la circulation ? L'avenir du pont du pertuis crée le débat
Questions sur le pont
: Alain Mangini |
Le pont tournant du pertuis PHOTO ALAIN MANGINI |
Des
habitants de Bacalan ont le sentiment que leur quartier s'asphyxie et
qu'il faut faire quelque chose pour le désenclaver. La question du
passage des bassins à flot en est une illustration. Celui-ci ne peut
s'effectuer actuellement que sur un demi-pont, alors qu'avant 2000
trois étaient proposés pour gagner le centre-ville.
De
nombreuses personnalités du quartier estiment que le remplacement
envisagé du pont du pertuis risque « de nuire de façon définitive aux
activités nautiques du deuxième bassin à flot ».
Pour mieux comprendre la situation, l'idéal est de dresser un plan des lieux.
A moins
de passer par les routes vers le Médoc, les liens terrestres entre
Bacalan et le reste de Bordeaux se limitent aux possibilités suivantes
: le chemin le plus encombré et le moins direct passe par les
boulevards et la place Latulle. Près de la Garonne, le passage
s'effectue sur deux ponts tournants, communément nommés « aval » et «
amont », au-dessus de deux écluses. Leur fonctionnement est quelque peu
perturbé par les travaux préparatoires à l'arrivée du tramway.
Question. Lorsqu'un seul pont subsistera, que se passera-t-il lorsqu'un navire souhaitera emprunter les écluses ?
Pont du pertuis menacé.
Le pont du
pertuis pourrait être une solution. Le deuxième bassin à flot, celui
qui borde la base sous-marine, est séparé du bassin numéro un par un
goulet, le pertuis. Un pont, tournant lui aussi, permettait jusqu'en
2000 le passage des véhicules. Il est désormais fermé à toute
circulation, permettant le seul passage des bateaux.
Alors
que la CUB et le Port autonome voudraient le détruire, au profit d'un
pont neuf, un collectif d'habitants et d'associations du quartier
s'oppose à cette solution par le biais de courriers officiels et d'un
blog (1). Leur action ne souhaite en rien retarder l'arrivée du tramway
sur Bacalan ni gêner la circulation. Seulement, alors que le pont est
fermé à tout passage depuis plus de six ans, « il serait regrettable de
choisir dans la précipitation une solution qui ne satisferait pas
l'ensemble des parties ».
Questionné
à ce propos, Alain Rousset, président de la CUB, a réagi le 12 décembre
dernier : « Comme vous le savez, je suis très attaché à ce que le passé
industriel et maritime du quartier de Bacalan et du Port de Bordeaux
soit valorisé dans l'aménagement général du quartier. C'est ainsi
qu'après expertise, la décision a pu être prise de conserver la grande
écluse et de permettre ainsi aux bateaux de gabarit important, et en
particulier aux multicoques, de pouvoir accéder aux bassins à flot
(...). Il appartient désormais au Port autonome de Bordeaux de mener à
bien cette opération selon les modalités qui lui sembleront les
meilleures, mais la Communauté urbaine de Bordeaux souhaite que soient
respectés les engagements financiers. »
« Réparable ».
Entre préservation du patrimoine industriel, circulation et engagements financiers, le choix reste cornélien.
Robert
Venturi émet une préconisation : « Les expertises menées sur le pont
actuel ont démontré qu'il était réparable, à un coût peut-être
supérieur à son remplacement par un petit pont, mais sans condamner
l'avenir du bassin à flot nø 2. Et en préservant toutes les capacités
des bassins à flot, ceci permettant de faire face à d'éventuelles
nouvelles activités. »
Pour
information, la dernière proposition du Port autonome prévoyait de
réduire le pertuis de 25 à 9 mètres, empêchant ainsi l'arrivée de
grands bateaux dans le deuxième bassin à flots.
De plus, le pont du Pertuis reste un élément clé du patrimoine historique de Bordeaux.
(1) www.pontdupertuis.canalblog.com